Et si une des réponses à l’agri bashing était de remettre l’agriculture au coeur des villes ? Rendre l’agriculture plus visible est une des missions que s’est donnée Hubert Fournier. Ce jeune berger sarthois propose depuis le mois de mars 2019 un service d’éco pâturage aux entreprises privées et collectivités locales. A ce jour, six entreprises dispersées sur le département ont opté pour la « tonte douce » et à environ 100 € HT le contrat par mois, ce n’est pas suffisant pour en faire un système viable. Mais d’ici quelques mois et grâce au bouche-à-oreille, le berger urbain espère avoir une trentaine de clients. En effet, la demande est en pleine croissance depuis la Loi Labbé de 2017 qui interdit aux collectivités territoriales, aux établissements publics et à l’Etat d’utiliser des pesticides pour l’entretien des espaces verts.
 
Eleveur-paysagiste

A mi-chemin entre éleveur et paysagiste, Hubert Fournier doit répondre à des problématiques commerciales mais aussi agricoles, à commencer par le développement de son cheptel. « Je ne peux pas compter que sur l’agnelage, explique Hubert Fournier. Cela pose des problèmes de consanguinité et les clients ne comprennent pas qu’un frère et une soeur puissent se reproduire... il y a un peu d’anthropomorphisme dans tout ça. » Pour le moment, ses 30 moutons d’Ouessant viennent d’un élevage sarthois et il projette d’acquérir également des Landes de Bretagne dans un élevage mayennais. Ces cousins d’Ouessant, un peu plus grands, ruminent une plus grande variété d’herbes.

« Je choisis la race en fonction du sol et des végétaux, explique le berger. Peut-être qu’un jour je proposerais des chèvres, mais leur dynamique sociale est un peu différente et elles ont une tendance à fuguer. » Le choix des races tient compte aussi de la conservation des espèces. En effet, les moutons d’Ouessant ont longtemps été considérés comme une espèce menacée. 

Une offre clé en main

En attendant d’élargir son cheptel, il propose aux entreprises une offre clé en main : pose de clôture, installation d’un abri avec un système d’eau, du sel et des oligo-éléments, dépôt des moutons, et enfin, la gestion du troupeau avec des passages bi-mensuels. « Evidemment, je passe à intervalles plus serrés pendant les périodes d’agnelage », détaille Hubert Fournier. Durant ces visites, il observe la santé des moutons et apporte le complément nécessaire à leur bonne nutrition, soit du foin bio (mélange de blé, seigle et triticale) et des grains. « Cela me permet d’appâter les moutons et de les approcher plus facilement », raconte-t-il.

Lorsque les moutons ne sont pas chez des clients, Hubert Fournier les stocke sur une parcelle d’un peu moins d’un hectare située à Sillé-le-Philippe. Cette parcelle lui permet également de rassembler son cheptel pour les passages du vétérinaire. « J’ai un seul praticien pour tout le cheptel et je ne veux  pas payer un déplacement par mouton lors de la campagne de prophylaxie », soutient le berger. C’est également dans son champ, lieu de repli pour les moutons malades, que la hiérarchie se crée au sein du troupeau. Un troupeau dont la « véritable vocation économique est l’éco-pâturage », dit l’éleveur qui avoue jouer sur les platebandes des paysagistes.