Avec une production d’œufs « alternatifs » en développement trop rapide par rapport aux marchés, c’est l’ensemble de la filière qui est aujourd’hui plongée dans la crise.

En quelques années, le visage de la filière œuf français a bien changé. A fin 2021, la production d’œufs « alternatifs », c’est-à-dire « hors cages » représente un peu plus de 7 œufs sur 10 pondus sur notre territoire. L’objectif de 50 % d’œufs alternatifs inscrits dans le contrat sociétal d’avenir, puis dans le plan de filière œuf est donc largement dépassé. « A la base c’était un bon objectif », explique Gilles Guillaume, de l’UGPVB (Union des Groupements de Producteurs de Viande de Bretagne). « Le problème c’est qu’il a été franchi beaucoup trop vite, fin 2019, et qu’aujourd’hui, bien que sur une dynamique positive, la consommation ne suit pas le même rythme de développement que la production. » En effet, la production alternative a encore augmenté son volume de près de 4 % en 2021, avec la conversion de nouveaux bâtiments. « Ces 3-4 % ont suffi à déstabiliser le marché », expliquait Éric Guélaff, président de la section œufs de l’UGPVB, lors de l’Assemblée Générale qui s’est tenue le 1er décembre dernier à Rennes.
La situation est même jugée « catastrophique » sur le marché de l’œuf bio. Alors que celui-ci avait enregistré des progressions de l’ordre de 15 % par an ces dernières années, il a plongé de 3 % en 2021. Des œufs bio ont ainsi dû être déclassés en plein air, avec l’effet cascade de devoir déclasser des œufs plein air en sol…